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L’or du Limousin, 3000 ans d’histoire

mardi 25 juillet 2006, par Webmestre

Introduction

Une grande partie du Limousin (surtout au sud de la Hte Vienne) est caractérisée par la présence de grandes fosses allongées, les aurières. C’est l’histoire passée et actuelle de ces structures et des filons qu’elles exploitaient que nous allons présenter ici.

Ceci n’est qu’une brève présentation, le lecteur intéressé est invité à consulter les ouvrages de B. Cauuet et de P.C. Guiollard (bibliographie en annexe).

Pendant des années, elles furent considérées comme des fortifications gallo-romaines. Ce n’est qu’à la fin du siècle dernier qu’un géologue, E. Mallard, fit la relation entre ces fosses et la présence de minerai d’étain tout d’abord (Montebras (23))puis d’or. On les considéra donc comme des travaux miniers gallo-romains (à l’époque, seuls les romains pouvaient avoir entrepris de si gigantesques ouvrages).

Dans les années 90, l’exploitation des filons à ciel ouvert par la SMB permis d’entreprendre des fouilles d’envergure sous la responsabilité de B. Cauuet (CNRS Toulouse), la fouille du site du Puy des Angles (passage de l’A89) permit de compléter nos informations. On put préciser alors la structure de ces mines d’or ainsi que leur datation. A l’heure actuelle, toutes les aurières fouillées en Limousin sont gauloises et tout semble se passer comme si les mines étaient abandonnées avant la conquête.

Structure d’une aurière

Les plus anciennes fosses reconnues sont pratiquement invisibles sur le terrain (0,5 à 1 m de profondeur après comblement). Les fouilles de Cros Gallet Nord ont montré l’existence de tranchées de 5 à 6 m de profondeur sous ces petits mouvements de terrain.

Une conséquence de ces observations est qu’en présence d’une fosse de quelques mètres de profondeur et de quelques dizaines de mètres de long, on peut supposer que l’on affaire à une exploitation ayant duré plusieurs années et non une simple recherche de prospection.

Les fouilles des fosses plus importantes montra que les aurières étaient des mines à ciel ouvert (MCO) avec des parois en gradins (proches du principe des MCO actuelles). Lorsque la quantité de stérile à enlever était trop importante, les mineurs gaulois passaient en travaux souterrains sous forme de dépilages boisés dans le filon.

La recherche de filons paralléles était assurée par des galeries de recoupe. L’extraction de l’eau de la mine (exhaure) était quant à elle effectuée par des galeries creusées à cet effet dans la carrière. La présence de certaines de ces galeries creusées uniquement à cet usage sur 20 à 30 mètres dénote la présence d’une société de mineurs parfaitement organisée.

La "ruée" du début du vingtième siècle

Les publications de Mallard mettant en évidence la présence de mines d’or antiques en Limousin passèrent tout d’abord inaperçues. A cette époque, les mines d’or exploitables ne pouvaient être qu’exotiques (Afrique, Amérique du Sud), mais les découvertes de l’or à La Lucette (Mayenne) et La Bellière (L-Atlantique) ainsi qu’au Chatelet (Creuse) firent la preuve qu’on pouvait exploiter l’or en France avec profit. De plus à la Bellière, les filons étaient marqués par des alignements d’aurières.

On assista alors à une multiplication des déclarations de découverte. Des travaux miniers furent mis en place dans de nombreux sites. Généralement un puits était ouvert au milieu de l’aurière (avec un succès mitigé, car foncé dans des déblais antiques gorgés d’eau) et des galeries de recherches entreprises. Si le terrain s’y prétait (zone proche d’une vallée), un travers banc (galerie au stérile en direction du filon) était entrepris. Cette phase d’ébullition prit fin avec la guerre de 14-18.

Ces recherches n’aboutirent qu’à l’exploitation de 7 mines pendant l’entre-deux-guerres. Après les déboires des puits foncés au sein de l’aurière, les puits d’exploitation furent ouverts à l’extérieur de la fosse et des travers bancs furent conduits pour accéder aux dépilages.

Cette période d’exploitation prit fin en 1942 avec la fermeture de la mine de Chéni-Douillac.

Bibliographie :

P.C. Guiollard : Les mines d’or du district de St Yrieix La Perche (Hte Vienne). (1991)

P.C. Guiollard : Mines d’or ; petite histoire des grandes mines d’or françaises. (1988)

P.C. Guiollard : Mineurs d’or en Limousin. (2000)

P.C. Guiollard : La mine d’or du Chatelet (Creuse) : 1905-1955 : Etude historique et technique. (1988)

B. Cauuet : L’or des Celtes du Limousin, Ed. Culture et Patrimoine. (2004)